Le grand homme
Alphonse Paillet, le frère de Charles, est né la même année qu’Aurore (en 1796). C’est le « grand homme » de la famille, celui dont j’ai pu retracer la vie avec le plus de facilité grâce à l’importante documentation disponible. Une rue porte encore son nom à Paris et une statue à son effigie a été érigée à Soissons avant d’être fondue par le régime de Vichy en 1942.

Né à Soissons, élève médiocre dans son enfance, il souffre d’être comparé à son frère aîné, Charles, qui réussit mieux que lui dans la même pension parisienne (l’institut Favard, future école des Francs-Bourgeois). Il se ressaisit et finit par remporter tous les prix d’excellence. Il « fait son droit » à Paris et rentre à Soissons pour s’établir comme avocat. Petite histoire : alors que je furetais partout à la recherche de mes archives familiales, j’ai eu la bonne idée de retourner ces deux cadres accrochés dans la chambre de mes parents depuis toujours. Une mention manuscrite, au dos, indique qu’il s’agit de Barbe Thérèse Gabrielle Scholastique Frion de Vaux Varenne (la terrible Barbe-Thé du roman) et de Jean-François Paillet, les parents de Charles et Alphonse.

Alphonse se marie avec Eliza Parroisse, la fille du médecin de famille, et part vivre à Paris faute d’avoir pu développer sa clientèle à Soissons. Il s’illustre dans la première affaire où il est commis d’office (le cas Papavoine). Il se fait remarquer par Berryer, le ténor du barreau de l’époque et devient rapidement une personnalité en vue. Il recueille sa nièce Caroline à la séparation de ses parents et Eliza l’élève comme leurs autres enfants. C’est lui qui présente Amédée Montigny, son assistant, à Caroline.
Très attaché aux convenances et à la morale, élu député pour le parti de l’Ordre, il vient en aide à son frère pour préparer le procès contre sa belle-sœur. C’est l’archétype du notable du XIXe siècle, le chef de famille qui régente les vie des femmes de son foyer.

Son buste au musée du barreau de Paris, la tombe Paillet au Père-Lachaise, chemin du Dragon, où reposent les parents Paillet (Barbe-Thé et JF), Charles, Alphonse, Amélie Lefébure (sœur Paillet supprimée entre la V1 et la V2 du roman), Eliza Parroisse épouse Paillet et sa fille aînée Elisa (rebaptisée Alexandrine dans mon histoire). Gabrielle est enterrée dans la tombe d’à côté avec son mari.